3 question à Emmanuel Le Roch, Délégué Général de PROCOS

Question 1 : PROCOS est un partenaire institutionnel de longue date du SIMI. Que représente le rendez-vous annuel du SIMI pour votre association ?

Le Simi s’est imposé comme un rendez-vous incontournable des acteurs de l’immobilier dans leur diversité ; logement, tertiaire et commerce. Trop longtemps, chaque fonctionnalité a eu ses propres rendez-vous spécialisés sans que la transversalité indispensable soit suffisamment prise en compte. Or, le monde actuel nous fait prendre conscience que les lieux ne doivent pas être uni fonctionnels. La ville et ses projets doivent s’inventer dans leur diversité en partant des besoins des habitants, des entreprises et de leurs collaborateurs.

Le Simi permet à tous les métiers qu’ils soient de l’aménagement, l’immobilier ou des territoires de se rencontrer et d’échanger. Pour Procos, c’est l’occasion de parler du commerce à des acteurs qui ne sont pas des spécialistes de ce sujet complexe et de communiquer sur les impératifs à respecter pour qu’une activité commerciale prospère que ce soit dans l’urbain ou au sein d’un projet d’aménagement global. L’insuffisante prise en compte des spécificités du commerce en amont d’un projet ne peut que générer des difficultés. Et, ces dernières peuvent impacter directement la vie des habitants dans leur quotidien.

Les projets d’immobilier commercial isolés, de centre commercial ou de retail park, sont déjà complexes. Avoir l’ambition de combiner les fonctions, de bâtir une ville multiple l’est encore davantage et rend indispensable le dialogue permanent entre élus, aménageurs, Les promoteurs, utilisateurs dont les acteurs du commerce. Ce dialogue est encore très souvent insuffisant et intervient souvent trop tard conduisant inévitablement à des imperfections voire des réalisations qui ne fonctionnent pas dans leur fonctionnalité commerce. Il y a des habitants mais les rez-de-chaussée sont tristes, ou alors, il y a des habitants et des commerces mais les nuisances générées par ces derniers sont insupportables pour les premiers …

Le Simi doit être l’un de ces moments de dialogue et Procos souhaite y contribuer chaque année. En 2021, nous parlerons de logistique urbaine en instaurant un échange entre ville, promoteur, logisticien et enseigne. Le dialogue est indispensable doit être intensifié de façon urgente.

Question 2 : PROCOS est la fédération représentative du commerce spécialisé. 2020 fut une année extrêmement difficile pour le commerce. Comment avez-vous accompagné vos adhérents face à cette pandémie et à ce contexte économique ?

2020 a été effectivement une année très complexe pour les commerçants, une année que l’on pensait exceptionnelle mais dont les difficultés se sont poursuivies au premier semestre 2021. En effet, parmi nos 310 enseignes non-alimentaires, une grande partie a connu trois périodes de fermeture entre mars 2020 et mai 2021 !

L’accompagnement apporté par Procos a évolué au fil du temps. Le premier confinement a nécessité d’organiser l’échange entre des acteurs traumatisés par une absence totale de chiffre d’affaires, l’obligation de protéger l’entreprise, sa trésorerie ; une véritable période de survie. Procos a évidemment institué un dialogue avec le gouvernement, d’un côté et les organisations représentant les bailleurs, de l’autre, pour chercher des solutions et assurer la survie du plus grand nombre. Ce premier confinement a généré à la fois une sidération et un rapport de force assez viril, le gouvernement ayant laissé bailleurs et locataires régler le sujet entre eux. Une tentative de médiation a été diligentée mais n’a pas permis de trouver de solutions équitables de notre point de vue.

Pendant cette période, Procos a surtout négocié les dispositifs d’aides au sens large pour le commerce et, le paiement des loyers, en particulier. Des dispositifs ont été mis en place pour les fermetures de novembre 2020 puis pour celles de février à mai 2021. Concernant cette dernière période, le dispositif a été confirmé trop tardivement ; ce qui a créé des tensions. Mais, bailleurs et preneurs doivent tout de même reconnaître que le gouvernement a agi pour aider les professionnels de la filière à trouver des solutions équilibrées. Reste à les mettre en œuvre et à espérer que bailleurs et preneurs auront la capacité de trouver des solutions amiables rapidement afin de pouvoir parler du futur, du long terme sans ressasser le passé et cette période de fermeture exceptionnelle.

Procos a été et restera une organisation d’échanges et de recherches de bonnes pratiques entre enseignes, ainsi qu’une organisation de dialogue avec l’écosystème dans sa diversité : pouvoirs publics, élus locaux, enseignes, bailleurs, banques…

Question 3 : 2021, signe une reprise économique. Quels sont les nouveaux enjeux de votre secteur ?

2020 a prouvé à tous que, lorsque les magasins sont ouverts, les consommateurs y retournent rapidement. Et, plus rapidement que ce que nous avions imaginé lors du premier confinement. C’est rassurant. Bien entendu, la reprise n’a pas été homogène. Si le sport, l’équipement de la maison ont connu des reprises très rapides et fortes, les secteurs de l’équipement de la personne, l’habillement, la beauté-santé, sont dans une situation plus complexe avec une activité qui reste encore très éloignée de celle de 2019.

Par ailleurs, tous les lieux de commerce ne connaissent pas la même reprise. Les gros centres commerciaux, certains grandes rues marchandes de métropole, notamment à Paris rencontrent des difficultés pour retrouver la fréquentation d’avant crise. Certains d’entre eux la retrouveront mais en tous cas pas à court terme. Cette situation d’après crise modifie certains paramètres de la géographie commerciale, au profit de certains lieux de commerce plus proches des lieux d’habitation.

De plus, la crise a accéléré très fortement le recours au e-commerce et au digital par le consommateur. Drive, click & collect, livraison à domicile occupent une place beaucoup plus importante. Une situation qui change certains grands équilibres : baisse de fréquentation des points de vente, poids croissant du e-commerce dans le modèle économique aux dépends de l’activité du magasin …

Une situation qui créé quelques urgences :

  • L’obligation d’accélérer la transformation des commerçants de toute taille qui doivent être des experts du e-commerce en plus d’être excellents au niveau du commerce physique. A cette transformation omnicanale, s’ajoute l’impératif d’aller vers un commerce plus responsable. C’est un enjeu d’investissement important. Il faut en dégager les moyens alors même que le niveau d’endettement s’est accru avec la crise.
  • Le modèle économique a connu une transformation accélérée. Le poids du digital et du web s’est accru. Il faut donc rapidement agir sur les coûts d’exploitation, en particulier les coûts immobiliers qui doivent décroître au sein du modèle économique global. L’impératif est donc la mise en place de coûts immobiliers (loyers, charges, fiscalité) en phase avec cette nouvelle réalité de l’activité du commerce omnicanal.
  • Enfin, un enjeu d’emplois : le commerce non-alimentaire doit être attractif, en particulier pour les jeunes compte tenu de son rôle dans l’emploi local et la vie des habitants dans les différents types de territoires.

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